Réforme des retraites :
Sortons du concours de tweets caricaturaux
Par conséquent oui, il nous faut trouver de nouveaux financements sans baisser les pensions actuelles, ni augmenter les impôts.
Oui, nous sommes culturellement et historiquement attachés au système de répartition, unique au monde, qui ne peut être financé que par les cotisations des travailleurs.
Oui, les régimes spéciaux doivent pouvoir être réétudiés d’un siècle à l’autre et la pénibilité physique de certains métiers véritablement prise en compte.
Et oui, c’était clairement dit lors de la campagne présidentielle.
Mais, ils n’ont pas tort, ceux qui disent que les Français ont envoyé un message tout aussi clair à l’exécutif pendant les législatives, que les 5 dernières années n’ont absolument pas clarifié l’enjeu de cette réforme du financement des pensions de retraite. Ils ont surtout raison de dire qu’après ces trois dernières années essorées par le Covid, la menace de guerre mondiale et une série de crises énergétiques, climatiques et migratoires, il n’apparaît pas absolument prioritaire voire habile de «totemiser» ce sujet pas plus que de légiférer sur la fin de vie.
Au demeurant, le peuple Français a légitimement le droit d’attendre de ses représentants politiques autre chose qu’un concours de tweets caricaturaux, de selfies de mugs, de débats d’éléments de langages creux et de soirées tableurs Excel.
Avançons donc sur la base du texte de la première ministre mais tirons en enseignement immédiat pour tenir sérieusement compte du réel niveau de fatigue des Français.
La politique, c’est également le moment. Qui traduit la hiérarchie des priorités et des efforts.
Nous devons regarder notre situation bien en face. Et nous avons aussi besoin d’espérance. Au sens de chantiers mobilisant positivement notre Nation.
Sortons des logiques d’expertise comptable, d’une part, pour mesurer une bonne fois pour toutes la chance que nous avons d’être Français, et d’autre part pour imaginer ensemble un modèle encore plus grand et plus juste qui corresponde aux contraintes et aux aspirations de notre époque mais aussi des générations qui viennent.
De quoi avons-nous peur au fond ? De ne pas être capable d’assumer le coût de l’accompagnement du grand âge. En clair, la maison de retraite de nos parents.
Et si nous partions de cet objectif ? Personne en France ne devrait pouvoir s’inquiéter de cela.
Et si par conséquent, nous garantissions à chacun qui entre dans ce que nous appelons un peu pompeusement la perte d’autonomie un niveau de pension qui lui permette de ne pas demander à ses enfants l’appoint ?
Allons plus loin. Et si nous réfléchissions à un système de répartition minimal et égal pour tous ? Pour être plus clair, 1700 euros de pension pour tous, quelle que soit l’activité professionnelle passée. Journaliste, agriculteur, enseignant, chirurgien, caissier : la même base pour tous. Libre à ceux qui le pouvaient et le voulaient de faire en complément de la capitalisation.
Allons encore plus loin. Et si nous sortions du secteur marchand toutes les activités liées aux moments de nos vies où nous avons besoin de l’appui de la Nation : le jeune âge (crèches), le grand âge (Ehpad) et le handicap. Ouvrons sans tabou ni œillères dogmatiques le chantier d’un grand service public, basé sur le privé non lucratif et le mutualisme.
Sans abuser de grands mots, ce chantier quasi civilisationnel pourrait mobiliser, embarquer, tous les Français parce qu’il concernerait toutes les générations et l’idée même que nous nous faisons de notre Nation.
Par-delà les enjeux techniques, il nous faut sortir en urgence de l’ornière de la résignation et de la défiance qui mène au chaos.
Nous avons besoin d’espérance et de fierté collective et, par-delà les mots, de chantiers positifs mobilisant concrètement le plus grand nombre.
Notre pays n’est pas un GIE, il est une vieille Nation qui a besoin de se retrouver et de relever la tête autour d’ambitions plus grandes qu’elle.
Écoutons-nous.