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ENTRETIEN - Le tableau controversé de Miriam Cahn peut rester exposé au Palais de Tokyo, a tranché le Conseil d’État le 14 avril. Richard Malka, qui était l’un des avocats du musée, estime qu’il s’agit d’une victoire pour la liberté d’expression dans un contexte où chaque jour des œuvres d’art, des films ou des romans font l’objet de tentatives de censure.
LE FIGARO. - Le juge des référés du Conseil d’État, saisi par plusieurs associations, a estimé, dans une décision rendue vendredi 14 avril, que l’accrochage du tableau Fuck Abstraction! de Miriam Cahn au Palais de Tokyo ne portait pas une atteinte grave et illégale à l’intérêt supérieur de l’enfant ou à la dignité de la personne, et que l’œuvre pouvait rester exposée. Avec votre confrère Paul Mathonnet, vous étiez l’avocat du Palais de Tokyo et vous avez plaidé au nom de la liberté d’expression. Celle-ci ne doit-elle selon vous connaître aucune limite?
Richard MALKA. - Prétendre cela serait inepte. Personne n’est au-dessus des lois. Un romancier doit respecter la vie privée, un chanteur ne peut appeler au meurtre. En revanche, enjoindre aux artistes d’être les porte-parole de telle ou telle morale et surtout de s’abstenir de choquer qui que ce soit, c’est la tentation de tous les obscurantismes. L’art n’a pas à être moral, sinon il n’y a plus d’art. Il est libre, dans les limites de la loi