Poursuivons par Notre-Dame. Vue par Théophile Gautier.
Théophile Gautier (1811-1872) Soleil couchant
Notre-Dame Que c’est beau! Victor Hugo
En passant sur le pont de la Tournelle, un soir, Je me suis arrêté quelques instants pour voir Le soleil se coucher derrière Notre-Dame. Un nuage splendide à l’horizon de flamme, Tel qu’un oiseau géant qui va prendre l’essor, D’un bout du ciel à l’autre ouvrait ses ailes d’or,
- Et c’était des clartés à baisser la paupière. Les tours au front orné de dentelles de pierre, Le drapeau que le vent fouette, les minarets Qui s’élèvent pareils aux sapins des forêts, Les pignons tailladés que surmontent des anges Aux corps roides et longs, aux figures étranges, D’un fond clair ressortaient en noir; l’Archevêché, Comme au pied de sa mère un jeune enfant couché, Se dessinait au pied de l’église, dont l’ombre S’allongeait à l’entour mystérieuse et sombre.
- Plus loin, un rayon rouge allumait les carreaux D’une maison du quai; — l’air était doux; les eaux Se plaignaient contre l’arche à doux bruit, et la vague De la vieille cité berçait l’image vague; Et moi, je regardais toujours, ne songeant pas Que la nuit étoilée arrivait à grands pas.
Theophile Gautier, Premières Poésies, 1830